Positionné au devant de la scène, l’homme est au bord du plateau. Il donne l’impression d’évaluer l’immensité de ce carré blanc. Son corps paraît immobile, il semble vouloir dompter l’espace.
Le son l’interpelle, l’accompagne, tel une conscience. Cette voix directive métallique scande ses changements intérieurs et ses intimes décisions. L’homme est alors confronté à ses propres contradictions, là où se mêlent les freins et les élans d’une inspiration. Il naît, petit à petit, une mise en état de mouvement, un voyage intérieur, qui nous fait traverser simplement l’histoire d’une phrase chorégraphique et, par son évolution dynamique – plus tard excessive – pose cette chose naissante qui annonce
le cœur d’une dramaturgie.
Tout droit sortie d’une fiction, l’apparition d’une créature fantastique donne lieu à un dialogue entre deux êtres découverts, dont le silence des corps inscrit la tension d’un face à face. Jamais ils ne se touchent. Au bord du carré blanc, elle reste un témoin immobile et cherche à déstabiliser l’homme dans l’évolution de son cheminement chorégraphique.
La mise à nu de l’espace, le minimalisme du son et de la lumière, montrent et révèlent crûment une confrontation dans un dépouillement de soi.
Epurer les corps de toutes formes gratuites de mouvement, c’est atteindre l’essentiel de la relation proposée ; c’est laisser, par ce qui est induit, l’imaginaire de celui qui regarde faire sa propre dramaturgie avec ses propres références.